La Costa Verde une histoire millénaire dans le spectacle d’une nature particulièrement sauvage.
Les installations délaissées des anciennes mines offrent un charme atypique. Au-delà de leur valeur de documentation pour laquelle déjà elles méritent d’être visitées, c’est leur qualité paysagère qui rend cette destination touristique à la fois inhabituelle et irrésistible. Le lent travail de la pluie et du vent, uni à la vitalité de la végétation qui renaît dans les endroits d’où elle a jadis été déracinée, transforme ces vestiges d’activités extractives en un site qui n’est pas encore un milieu naturel à proprement parlé, mais n’est plus une simple ruine. Il s’agit bien d’un paysage original, qui semble dessiner à chaque point de vue l’histoire de cette région. Vous ne regretterez pas de prendre votre voiture pour rouler jusqu’au littoral sud occidental de la Sardaigne et découvrir la Costa Verde. Là cohabitent d’une manière franchement impressionnante des expressions de l’archéologie industrielle avec le spectacle d’un milieu marin très sauvage.
– De Nebida à Cala Domestica –
La route côtière surplombante et rocheuse qui s’étend des récifs de Nebida au fjord de Cala Domestica est tout simplement magnifique ! Vous y arriverez aisément en laissant derrière vous la grande plage de Fontanamara, idéale pour une baignade rafraîchissante après le voyage qui vous aura conduits jusqu’ici. C’est en longeant la route qui mène au centre minier de Masua, scandée de falaises inaccessibles, d’anses profondes et de petites plages, que vous découvrirez l’imposant Pan di Zucchero, incroyable îlot calcaire ourlé de falaises vertigineuses. En passant à côté des vieilles installations minières, vous pourrez atteindre les galeries de Porto Flavia, bijoux de l’archéologie minière sarde. Elles constituent l’attraction principale du Parco Geominerario de la Sardaigne. Son intérêt réside dans la valeur architecturale de ses structures, dans son histoire et dans les vues panoramiques extraordinaires sur la mer qui s’ouvrent à l’improviste.
Le long de la route qui mène à Porto Flavia, vous pourrez emprunter l’embranchement vers un très beau sentier panoramique offrant des vues particulièrement suggestives. Le parcours étant plutôt long, vous pourrez vous limiter aux premiers kilomètres pour vous faire une idée d’ensemble déjà satisfaisante. Après quoi, il vous sera facile de regagner la route provinciale et de rouler jusqu’au point d’arrivée du sentier. Vous tomberez alors sur la plus belle anse de toute cette côte : Cala Domestica. Encaissée dans un profond fjord creusé dans la côte, dominée par une vieille tour et fermée par de hautes falaises, la plage étonne par le contraste surprenant de l’or de ses dunes avec le bleu intense de la mer qui les borde. Une minuscule galerie menant à la Caletta, véritable bijou de cette île, témoigne encore du passé minier de l’endroit.
– De Buggerru à Ingurtosu et Piscinas –
Avec les ruines de son ancienne laverie Malfidano qui dominent le petit port, le village de Buggerru représente l’étape suivante de l’itinéraire. En ce lieu magique, chaque objet, chaque mur, chaque ombre de bâtisses conserve une vieille histoire à raconter. Depuis Buggerru en procédant vers le nord, vous trouverez la plage et le bourg de Portixeddu. Au dos de la plage, dans un paysage de rêve, les collines couvertes par l’épais maquis méditerranéen se dégradent jusqu’à toucher la ligne découpée des rochers. 
Les grottes de Su Mannau – connues grâce aux spéléologues du coin – se trouvent dans l’arrière-pays de Portixeddu et sont aisément accessibles par la route nationale qui conduit à Flumini Maggiore.
Vous pourrez aussi visiter le Tempio di Antas, temple d’origine nuragique reconstruit à l’époque punique et romaine. Ce site de grand intérêt respire encore la sacralité des nombreux lieux de culte îliens. Ici, il est facile d’atteindre les récifs de Capo Pecora pour s’aventurer le long du sentier côtier qui court parmi les énormes rochers de granit et les vertigineuses descentes vers la mer. Deux ou trois heures de marche conduisent à la merveilleuse plage de Scivu, accessible aussi en voiture en regagnant la route nationale et en continuant le long de la route communale en direction de Scivu. Le caractère sauvage de la plage mérite de s’y arrêter.
Depuis la nationale 126 en prenant la route provinciale 66, on peut aller jusqu’au vieux bourg minier d’Ingurtosu. Désormais abandonné, il se présente à la fin d’une longue vallée qui va au-devant des dunes de Piscinas. Ce bourg conserve de nombreux témoignages architecturaux caractéristiques des installations minières du passé car il fut un temps le centre de direction de la mine homonyme et de la mine voisine de Gennamari. Dans le chantier voisin de Naracauli, on peut observer les restes du bâtiment imposant de la laverie Brassey. En poussant vers l’impressionnante plage de Piscinas, on trouve l’ancien dépôt de la mine. À partir de là , ce sont les immenses dunes couleur ocre qui dominent le paysage. Elles comptent parmi les plus imposantes d’Europe et ceignent sur des kilomètres une plage infinie, couronnée de genévriers et de lentisques.
– Carbonia: le Museo del Carbone et les ruines du Monte Sirai –
Sur la route du retour, arrêtez-vous à Carbonia : cette petite ville fut construite en deux ans sous l’initiative de Benito Mussolini, qui l’inaugura en 1938. Au premier regard, vous découvrirez son dessin urbanistique et son architecture typiques des villes fondées pendant la période fasciste. Une promenade sur la Piazza Roma – centre autour duquel se rangent avec rigueur les espaces citadins – permet de reconnaître les bâtiments publics les plus importants. Si cet ensemble de constructions provient d’origines différentes, il est cependant rendu homogène par l’utilisation uniforme du gros Å“uvre rustique en trachyte. Après un savoureux café italien, vous pourrez visiter le musée du charbon, hébergé dans les locaux de la salle des lampes, de la galerie souterraine et de la salle des treuils du site minier de Serbariu. Géré par le Centro Italiano della Cultura del Carbone, ce musée présente avec une grande clarté l’histoire de la ville et de ceux qui lui donnèrent vie. En particulier, la salle des lampes, où se trouvaient autrefois les appareils pour la recharge des lampes Edison, accueille aujourd’hui une exposition permanente de lampes, d’instruments de travail, d’outils, d’images et d’objets relatifs à l’univers minier.
Le site archéologique de majeur intérêt présent dans la région de Carbonia est sans aucun doute le Monte Sirai, aisément accessible en parcourant la route provinciale 126 et en tournant au km17. La route remonte alors à flanc du mont pour arriver au haut plateau qui conserve les ruines de l’ancienne ville. Le Monte Sirai domine la vue sur la vaste plaine jusqu’à la côte et aux îles de Saint Pietro et de Sant’Antioco. Le site est divisé en trois grandes zones : l’habitat, le tophet et les nécropoles. Il offre ainsi l’opportunité d’étudier les civilisations phéniciennes et puniques sans être dérangé par les recouvrements plus tardifs : ici en effet, l’installation urbanistique est restée telle qu’elle était au moment de l’abandon du site, autour de 100 ans av. J.-C.. Ce centre important fut édifié au contact direct des nombreuses constructions nuragiques voisines, en particulier du nuraghe de Sirai érigé légèrement plus au sud et facilement accessible. Le monument mégalithique est constitué d’un tholos central ceint par un bastion quadrilobé et dont les tours sont orientées selon les points cardinaux.
Après les émotions suscitées par l’évocation des civilisations îliennes du passé, il vous sera agréable de rentrer par la route nationale 195 (la « Sulcitana ») qui vous fera passer par Teulada et Domus de Maria pour arriver jusqu’à Chia.
Trois promenades le long du littoral : trois grands petits voyages à la découverte des nuances et transparences d’une mer vraiment unique.
Les côtes de la Sardaigne vues depuis le pont d’une élégante goélette. Un vent frais et une mer des plus transparentes à l’ombre des voiles déployées.